Claire, dame âgée et pleine de vie

En Orient, la sagesse religieuse décrit ainsi le priant, quel que soit son âge: Celui qui prie est un beau vieillard. N'est-il pas en effet un beau vieillard celui qui, comme le devrait toute personne âgée, voit où mènent  les pas de sa vie, de son souffle intérieur, et qui sait l'accompagner de la prière ?

        Ainsi nous apparaissent les années de sagesse de Claire d'Assise. Ce temps précieux, qui la prépare à son bienheureux trépas survenu le 11 août 1253, est un des plus significatifs de son existence. Quelle sérénité et conviction intime ne résume-t-elle pas au frère Raynald, venu la réconforter dans sa dernière maladie: Mon très cher frère, depuis que j'ai expérimenté la grâce de mon Seigneur Jésus-Christ, par l'intermédiaire de son serviteur François, aucune peine ne m'a semblé dure, aucune pénitence accablante, aucune infirmité insupportable (Thomas de Celano, Vie 28,44)

        Un réseau très serré et chaleureux de relations humaines se tisse autour d'elle. Chacun, chacune désire s'imprégner de son enseignement lumineux. Parole d'Évangile, elle l'est devenue pour tous: pape, évêques dévoués à sa cause, frères mineurs, ses sœurs toutes proches, mais aussi pour celles des monastères les plus éloignés, telle dame Agnès, à Prague, à laquelle Claire communique l'une des plus belles lettres chrétienne d'amitié.

        Vieillir pour la Pauvre Dame d'Assise, est un temps d'approfondissement et de transmission, et simultanément, de préparation à un grand passage. Vois-tu le Roi de gloire que j'aperçois ? (Procès de Canonisation, 4e témoin.)

        L'amour connaît Dieu bien davantage que tout effort de compréhension. La sainte Mère pouvait enseigné avec ferveur et sûreté, car elle avait pénétré dans les mystères de Dieu seul (V). Son testament et sa Règle, sa Bénédiction et ses Lettres appartiennent tous à ce temps de maturité et de grâce. Elle connaît Dieu de si près qu'elle devient elle-même ce qu'il est. Sur sa couche, aux derniers jours, elle dit encore beaucoup de choses, parlant de la Trinité avec une telle profondeur que les soeurs ne pouvaient pas bien la comprendre. Sur leur désir de saisir l'ineffable, elle leur répond: Vous ne garderez en mémoire ce que je dis que dans la mesure où cela vous sera accordé par Celui qui me les fait dire. (Pr., 3e témoin.)

        Lumineux visage de cette Dame d'Assise, disciple parfaite de François. Elle ne meurt pas, elle entre dans la Vie, en plénitude, et la laisse entrevoir à nos yeux réjouis et ravis. Offrant sa vie en gratitude et louange, elle s'écrie : Béni sois-tu, Seigneur, toi qui m'as créée !

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