La Transformation dans l'Image de sa Divinité

      Nous parvenons ici au coeur de l'enseignement spirituel de Claire d'Assise. Sa sollicitude fraternelle nous conduit jusqu'à la transformation intérieure de la personne humaine, en Dieu même. Là est la réalisation de notre VOCATION évangélique, divine.
        Le sujet de cet enseignement capital nous le trouvons surtout dans la 3e Lettre. En cette communication épistolaire, la sainte nous partage sa "vision" du coeur humain où Dieu établit sa demeure. Ici, elle désire nous faire pressentir cette réalité cachée, avec des mots de son époque, mais aussi d'une façon que nous pourrions qualifier aujourd'hui de "moderne", en des termes délibérément psychologiques autant que bibliques.

        Suivons la progression de son enseignement en traversant les "passages" successifs où elle invite sa disciple. Le tableau ci-dessous nous y introduira par son bref sommaire.

                                                        TABLEAU DES PASSAGES SUCCESSIFS
                                                                        3e LETTRE: versets 5-26
 

Premier passage (versets 5-8)

Agnès est passée de «l'orgueil qui perd la nature humaine»
à «l'humilité-pauvreté qui embrasse le trésor caché» de la vocation évangélique (divine)
(= le Royaume de Dieu: Mt 13,44)__________________________

Fruit de ce passage:
Agnès devient, par sa "suite de Jésus", «auxiliaire de Dieu même» (v.8)

Deuxième passage (versets 9-14)

Agnès est invitée à dépasser l'amertume et le brouillard
pour «poser» tout son être intérieur sur le Christ-MIROIR
et se transformer tout entière, par la contemplation, «dans
 l'IMAGE de sa DIVINITE», lieu d'accomplissement de
la «vocation divine» de l'humanité.
__________________________

Fruit de ce passage:
      La «douceur cachée que Dieu réserve à ceux qui l'aiment.»
 

Troisième passage: (Versets 15-26)

Agnès doit «laisser de côté» le monde instable et trompeur qui rend aveugle,
pour aimer totalement le Fils de Dieu
«qui, pour son amour, s'est donné tout entier»
__________________________

Fruit de ce passage:
L'âme fidèle contient et possède Dieu par la charité
- selon la Parole de la VÉRITÉ qui l'atteste
- selon l'exemple "archétype" de MARIE, sa Mère.

 

L'âme fidèle accomplit ainsi, dès ici-bas, sa «vocation divine»
Elle est transformée à l'IMAGE de Celui qui l'habite.

a) De passage en passage...

Commentaires suivis des versets 5-26 de la 3e Lettre

        Premier passage: (versets 5-7)

        Claire rejoint sa lointaine correspondante devenue si proche par son nouvel engagement définitif à la suite de Jésus pauvre. Agnès est maintenant «soeur et épouse du souverain Roi des cieux». Claire lui souhaite donc «... joies du salut dans l'Auteur du salut et tout ce que l'on peut désirer de meilleur» (v.2).
Ce "meilleur", Claire le lui fait voir dans tout son ampleur à partir du verset 6. Considérons la richesse des allusions évangéliques et l'unité de pensée de la Pauvre Dame qui se manifeste en ce texte majeur:

verset 6:

        «Je te vois, soutenue par une merveilleuse prérogative de sagesse provenant de la bouche même de Dieu,         supplanter, d'une manière terrible et inopinée, les astuces de l'ennemi rusé, l'orgueil qui perd la nature              humaine, la vanité qui rend sots les coeurs humains.»

Deux réalités conjointes sont évoquées ici:
        - Agnès, en choisissant la suite du Christ pauvre, a été soutenue en cette démarche extraordinaire pour elle, vu sa condition sociale. Elle l'a été par le privilège merveilleux, par la "sagesse" provenant de la "bouche de Dieu". Cette "bouche de Dieu", c'est le Père. Il engendre son Verbe qui soutient l'univers, cette Parole par qui tout a été fait (Jn 1,1; He 1,3), cette Parole se manifestant dans l'Évangile.
        La "sagesse" évangélique soutient et inspire Agnès comme la fiancée est soutenue par la "gauche" de l'Aimé, dans le livre du Cantique.

        - La deuxième réalité, résultat de la précédente, est la victoire d'Agnès sur l'esprit du monde,«l'ennemi rusé». Elle participe désormais à la victoire même du Christ, par sa foi en Lui, comme l'affirme la Sagesse elle-même dans l'Évangile de Jean: «Soyez pleins d'assurance, j'ai vaincu le monde» (Jn 16,33; cf. 1Jn 5,4-5).
        Derrière cette représentation imagée de luttes et de victoires, se profile la grande odyssée de Moïse, vainqueur des oppresseurs de son peuple (Ex 5,1; 15,1.16). Très tôt, dans la tradition chrétienne, l'expérience de l'entrée et de la marche au désert devient le prototype du cheminement vers Dieu, avec celui du Cantique des Cantiques. Les mots utilisés par Claire «je te vois supplanter d'une manière terrible et inopinée» nous conduisent à cette expérience pascale, passage de ce monde au monde de Dieu, passage de l'environnement oppresseur d'Egypte à la sobriété spirituelle du désert où le peuple choisi est conduit pour offrir un nouveau culte à son Dieu.

verset 7:
            «... et je te vois embrasser
            avec l'humilité,
            la force de la foi,
            et les bras de la pauvreté,

    LE TRÉSOR INCOMPARABLE,
        caché dans le champ du monde et des cœurs humains,
        par lequel on achète CELUI par qui tout a été fait de rien.»
    Scrutons de près cette expression symbolique: «le trésor incomparable, caché dans le champ du monde et des cœurs humains.»

        Reprenant le symbole du "trésor" utilisé par le Christ, en Mt 13,44 , la sainte décrit la réalité de la vocation évangélique, celle du "Royaume des cieux". «Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ...».

        La grandeur de cet appel évangélique est inimaginable, "incomparable". C'est le «don parfait» offert à l'humanité et à chaque personne humaine. Claire le désigne par plusieurs expressions comme : «la vocation divine» (2L 17), la «perfection» (2L 5), «le chemin de la béatitude» (2L 13), «la perfection où l'Esprit du Seigneur t'a appelée» (2L 14), le «don excellent, la donation parfaite» (2L 3), «le grand bienfait, la vocation parfaite et grande» (Test 3). Toutes ces expressions rejoignent la réalité du don de Dieu à l'humanité: «LE FILS DE DIEU S'EST FAIT POUR NOUS LA VOIE.» (Test 5)

        Dieu est venu en ce monde par l'incarnation de son Fils: c'est là le «TRÉSOR incomparable, caché dans le champ du monde». Depuis sa venue, le Royaume des cieux est semé par sa Parole évangélique. Comme sacrement de cette Parole, le Fils béni a semé sa chair donné au monde comme «le grain qui meurt» puis, porte son Fruit de vie en ceux qui croient en Lui (Jn 12,24). Jésus s'est fait Pain de vie pour habiter le cœur humain: «TRÉSOR incomparable, caché... dans le cœur humain».
        La vocation évangélique est donc cachée au plus profond du cœur humain, de son désir, de son attente, depuis la venue du Fils de Dieu. C'est la lumière de l'Évangile qui révèle à chaque personne humaine et à l'humanité sa vocation divine.

        Claire enseigne d'une façon toute particulière que nous accédons d'autant mieux à la réalisation de cette vocation si nous suivons et imitons Jésus Christ pauvre et humble.
        De nous-mêmes, nous ne sommes rien, écrit souvent François: «misérables et indigents, indignes de te nommer» (1R 2,3-5). Et le Maître avait déjà affirmé: «Sans moi, vous ne pouvez rien faire» (Jn 15,5). Ainsi Claire nous fait prendre conscience que la présence vivante du Royaume de Dieu au-dedans de nous «achète Celui par qui tout a été fait de rien.» La mémoire vive de sa Parole évangélique nous ouvre à sa Présence vivante et agissante, sa Présence qui est «Charité, Amour». Claire l'avait déjà affirmé en sa première Lettre: «Je crois fermement... que le Royaume des cieux n'est promis et donné par le Seigneur qu'aux pauvres parce que, lorsqu'on aime une chose temporelle, on perd le fruit de la CHARITÉ» (1L 25).

        Le Nouveau Testament, éclaire ce sens du «trésor» que Claire emploie. Jésus avait commenté: «La Parole du Royaume... c'est ce qui a été semé dans le coeur de l'homme » (Mt 13,18). Saint Jacques reprendra: «Accueillez avec douceur la parole plantée en vous et capable de vous sauver la vie» (Jc 1,21). Pierre de même: «Aimez-vous les uns les autres d'un coeur pur, vous qui avez été engendrés à nouveau par une semence incorruptible, par la Parole de Dieu vivante et permanente. Or cette Parole, c'est l'Évangile qui vous a été annoncé» (1P 1,22-23.25).

        Irénée de Lyon, au IIe siècle, prendra le relais de cette tradition en interprétant la similitude évangélique du "trésor": «Si quelqu'un lit les Écritures, il y trouvera une parole concernant le Christ, et une préfiguration de la vocation nouvelle. Car c'est Lui le trésor caché dans le champ, c'est-à-dire dans le monde, puisque ''le champ, c'est le monde". Lue par les chrétiens, la prophétie est ce trésor naguère caché dans le champ, mais que la croix du Christ révèle et explique: elle enrichit l'intelligence des hommes, montre la sagesse de Dieu, fait connaître les économies de Celui-ci à l'égard de l'homme; elle préfigure le royaume du Christ et annonce par avance la bonne nouvelle de l'héritage de la sainte Jérusalem; elle prédit que l'homme qui aime Dieu progressera jusqu'à voir Dieu et entendre sa parole et qu'il sera glorifié par l'audition de cette parole, au point que les autres hommes ne pourront fixer leurs yeux sur son visage glorieux.» (20)

        Le condensé de cette expression évangélique de la sainte d'Assise au sujet du «trésor» sera encore éclairé par le processus de transformation intérieure auquel elle invite sa disciple dans les versets suivants. Claire illustrera d'une façon très vivante la vérité cachée des paroles de Luc concernant l'attitude évangélique de la Vierge Marie: «Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur» (Lc 2,19.51).

        Claire affirme encore, dans le verset 7, la réalité victorieuse des vertus du vide intérieur, de l'espace nu, disponible pour Dieu: «l'humilité, la pauvreté, la force de la foi». Elle ajoutera plus loin«la virginité» (v.17) et, dans son Testament, «la sainte simplicité» (v.56). Certes, «l'orgueil» que sème«l'ennemi rusé» essaie de faire dévier la croissance de la parole évangélique semée dans le coeur humain, pour l'éloigner de sa grande vocation. Mais la victoire de la «sagesse de Dieu» donne à des êtres faibles, humbles, pauvres, «d'embrasser ce trésor incomparable», caché mais vivant, cette Parole capable "d'acheter" la bienveillance de Dieu en son Fils. Puisque le Fils béni, le «Verbe par qui tout a été fait de rien», habite ce coeur fidèle, Il agira, Il réalisera dès maintenant les fruits de cette habitation: la «coopération avec Dieu même».

Fruit de ce premier passage: verset 8 Auxiliaire de Dieu

        «Et pour utiliser les paroles de l'Apôtre même,
        je te considère comme une AUXILIATRICE DE DIEU même,
        et CELLE QUI SOULÈVE les membres défaillants de son corps ineffable.»

        La croissance de cette vocation évangélique qui nous destine à partager la vie de Dieu possède une telle puissance qu'elle rend "auxiliaire, aide, compagne de Dieu" dans l'oeuvre du salut de l'humanité. Le dynamisme même de ce trésor-semence, arrhes de l'Esprit en nous, répond à l'appel de la bienveillance divine qui nous épouse. Là où est le Christ, nous transformant à son Image par l'action de son Esprit, là aussi sont ses membres, même les plus faibles. La vocation chrétienne est nécessairement ecclésiale, en communion, en charité qui «soulève», «entraîne» (4L 30), «provoque»(Test 60), stimule et soutient.

        Ici, par l'expression «les membres défaillants», la sainte fait sans doute allusion à la faiblesse de l'humanité depuis la défaillance du «premier parent», comme elle l'écrivait déjà dans sa première lettre: «Le Pauvre crucifié qui, pour nous tous supporta la passion de la croix, nous arrachant au pouvoir du prince des ténèbres, dans les liens duquel nous étions tenus liés à cause de la transgression de notre premier parent, et nous réconciliant avec Dieu.» Le fait de laisser croître la semence évangélique en notre vie, par l'imitation du Christ, nous donne aussi le «pouvoir» de«réconcilier» par Lui et en Lui, les «membres défaillants» de son Église «avec Dieu le Père.» La même certitude continue de s'affirmer, plus loin, dans cette lettre: «Exultez et réjouissez-vous, remplie d'une immense joie et d'une allégresse spirituelle parce que, puisque vous avez préféré la pauvreté [comme un tel Seigneur qui voulut apparaître en ce monde, méprisé, indigent et pauvre(v.19)], vous aurez dignement mérité d'être appelée sœur, épouse et mère du Fils du Père très haut et de la glorieuse Vierge» (1L 19.21.24).

Deuxième passage (Versets 9-14)

versets 9-11:

        «Qui donc dirait que je ne me réjouis pas de tant d'admirables joies?
        Toi aussi, donc, réjouis-toi toujours dans le Seigneur, très chère, et
        que ne t'enveloppent ni l'amertume ni le brouillard, ô dame très aimée
        en Christ, joie des anges et couronne des sœurs.»

        Comme elle avait commencé par l'expression de sa joie, au début du premier passage, Claire laisse encore transfigurer ici sa joie profondément évangélique devant le progrès de sa sœur. La sainte laisse retentir en elle l'attitude psychologique que décrivait Jésus, en conséquence de la découverte du "trésor": «Il s'en va ravi de joie, vendre tout ce qu'il possède, et achète ce champ» (Mt 13,44). (21)

        Le conseil de Claire prévoit cette "joie" comme une attitude permanente à conserver intacte:«Réjouis-toi toujours dans le Seigneur». Cette attitude transformée manifeste en transparence, dès cette vie, la joie éternelle de Dieu, au ciel et dans cette communauté saintement unie, image de l'Église: Agnès, «dame très aimée dans le Christ, joie des anges, et couronne de ses sœurs.»

        Le danger auquel fait référence ce 2e passage revêt le symbole de "l'amertume" et du "brouillard". Évocation implicite des déceptions que provoque la monotonie du désert. L'Exode remémore ces moments qui ont mis à l'épreuve la foi du peuple élu: le "brouillard épais" qui séparait nettement les situations nouvelles de vie pour les Israélites, et "l'eau amère" que Moise adoucit par un "bois" montré par Dieu. L'amertume aura comme contrepoids la «douceur cachée que Dieu réserve à ceux qui l'aiment» (v.14); et le brouillard se dissipera de plus en plus à la vue du plus beau des fils des hommes, le Fils de Dieu, Lumière, Miroir d'éternité, Splendeur de la gloire (v.12-13).

        Ayant "vu" et montré à Agnès la réalité profonde de ce trésor intérieur, caché mais vivant, le Christ pauvre et humble qui l'habite et la transforme, Claire éprouve avec elle une joie indicible, car cette vision est le point d'appui de notre transformation en un être nouveau, celui de notre baptême et de notre vie à la suite du Christ.

versets 12-13:         «Pose ton esprit [mens] sur le Miroir de l'éternité,
                                pose ton âme [anima] sur la Splendeur de la gloire,
                                pose ton coeur [cor] sur l'effigie de la divine substance
                                et transforme-toi tout entière, par la contemplation,
                                dans l'Image de sa divinité.»

        Voici le coeur de l'oraison de Claire qu'elle transmet à sa soeur avec tant d'amitié. Après l'avoir invitée au désert de la pauvreté évangélique et l'avoir investie de la joie inhérente à ce passage dans la suite du Christ, Claire invite sa disciple à centrer tout son être, en particulier ses facultés intérieures sur «Celui par qui tout a été fait de rien» (v.7) et qui est seul capable de la conduire sûrement au Père, lieu de la divinité, lieu de notre «vocation divine» (2L 17).

        Agnès est parvenue, comme Moïse, sur la montagne de la contemplation, là où elle est fortement invitée à fixer son être, en face à face, sur Celui qui la transformera en Lui. Ici s'éclaire, en vérité, l'expression évangélique du verset 7: «le trésor incomparable par lequel on achète Celui par qui tout a été fait de rien». Le trésor du Royaume de Dieu semé dans le coeur humain nous donne accès à l'amour incommensurable de Dieu; ce trésor nous fait «pénétrer les mystères de Dieu seul» (Vie 22,36). (22)

- "pose": Ce verbe, trois fois repris, actualise ce que nous avons vu précédemment. Ce verbe actif, très important, manifeste le dynamisme intérieur qui caractérise la prière d'union de Claire dans ce processus de transformation (v.13). "Poser" a le sens très fort d'engager la conscience, de la faire adhérer à..., d'unifier ses différents niveaux de perception dans un même mouvement de fixation vers le centre: le Christ, le Fils béni de Dieu, donné ici comme VOIE vers Dieu même:
            le MIROIR DE L'ÉTERNITÉ,
            la SPLENDEUR DE LA GLOIRE,
            l'EFFIGIE DE LA DIVINE SUBSTANCE,
            l'IMAGE DE LA DIVINITÉ.

- «Pose ton esprit...» :

        Ce mot "esprit" que Claire utilise, est la traduction de "mens". L'esprit humain est considéré ici comme le niveau de conscience le plus élevé de la personne humaine. L'esprit est fait pour être uni à Dieu. C'est sa "nature". C'est par l'esprit que nous tendons vers Dieu, ainsi qu'elle l'écrit à Ermentrude: «Que jamais de ton esprit ne sorte sa mémoire» (L Erm 11). L'esprit est le niveau de conscience le plus personnel, le principe même de conscience et de liberté.
        L'esprit a comme mission d'entraîner l'âme et le coeur. En s'attachant au Christ, l'esprit s'unit à la grâce divine pour mieux voir, mieux comprendre. L'esprit devient alors "missionnaire". En descendant dans l'âme et le coeur, il les fait remonter vers Dieu. «Répondons d'un seul esprit [uno spiritu], écrira Claire; et encore: «J'exulte avec toi dans la joie de l'esprit», [gaudio spiritus]; et encore«Que parle la langue de l'esprit» [lingua spiritus] (4L 7.26.35), toujours en ce sens de l'être spirituel unifié dans son retour à Dieu.

- ...sur le Miroir de l'éternité»:

        Ce "Miroir de l'éternité", c'est le Christ en tant que «Fils du Très haut» (1L 24), premier-né des créatures, qui révèle Dieu à l'humanité. Il est miroir épiphanique de la Vie éternelle, Dieu lui-même. Dans le sens du cri de saint Augustin: «O éternelle Vérité, ô véritable Charité, ô chère Éternité, tu es mon Dieu!» (23)
        Tout le mouvement de cette phrase suppose la foi de l'âme fidèle (v.7) qui pressent la présence de Dieu en elle, comme l'affirmera Claire un peu plus loin (versets 21-23), appuyée sur la Parole même de la «Vérité».

- «pose ton âme...» :

        L'âme est considérée ici comme exprimant l'univers psychique de la personne humaine où Dieu peut rayonner par sa présence, ici «la splendeur de sa gloire». L'existence psychique est plus vaste que ce que la conscience elle-même peut en saisir. Claire nous oriente lorsqu'elle écrit plus loin: «Il est clair que, par la grâce de Dieu, la plus digne des créatures, l'âme de l'homme fidèle est plus grande que le ciel, puisque les cieux avec les autres créatures ne peuvent contenir le Créateur, et seule l'âme fidèle est sa demeure et son siège, et cela par la charité» (vv.21-22). À cause de ce mystère d'inhabitation divine, l'âme s'agrandit, se transforme, si elle aime! C'est là son "occupation"! L'esprit, missionnaire, l'avait préparé en lui faisant voir cette «Splendeur de la gloire» dans le«Miroir de l'éternité».

- «...dans la Splendeur de la gloire»:

        Cette expression, déjà biblique, complète et explicite l'expression précédente: «Miroir de l'éternité». Le Fils béni, par son incarnation, manifeste la Splendeur de la gloire éternelle. (4L 14) Avec la lettre aux Hébreux, et le livre de la Sagesse (7,26), Claire écrira dans sa 4e lettre: «Il est la splendeur de la gloire éternelle, l'éclat de la lumière éternelle et le Miroir sans tache.» Toute l'âme humaine, - sa structure, ses facultés, ses sentiments, émotions et désirs - est investie du rayonnement de la beauté du Fils qui «l'affecte, la refait, la comble, la remplit» et la fait rayonner à son tour, lorsqu'elle se «pose» sur Lui, par l'amour et l'attention de sa mémoire (4L 11-12).

- «pose ton coeur...» :

        Le "coeur", pour Claire et François, est le lieu de l'amour unitif et de la prière continuelle:
« ... toujours prier d'un coeur pur» (RCl 10,10), exhortera-t-elle dans sa Règle. Et dans la 3e lettre:«Aime totalement Celui qui pour ton amour s'est donné tout entier.» Plus explicitement encore dans sa 4e lettre: «Heureuse celle qui s'attache de toutes les fibres de son coeur à Celui dont l'affection s'imprime [en elle]» (24) (4L 9.11).
        "Poser son coeur" c'est donc aimer dans «l'ineffable charité», fixé pour toujours dans le mouvement éternel de cette charité du Fils de Dieu.

- «...sur l'Effigie de la divine substance»:

        Visiblement, Claire s'inspire encore ici de la lettre aux Hébreux: le Fils, «effigie de sa substance» ( He 1,3). Par amour, "poser son coeur" sur le Fils, c'est recevoir l'empreinte divine, l'amour de Dieu même. «Je vis, s'écrira Paul, ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi» (Ga 2,20).

        Mais plus encore, il semble que Claire se souvient spécialement des images du Cantique des cantiques où la Bien-aimée constate: «Je dors, mais mon coeur veille» et plus loin, exprimant le désir concret du coeur qui aime: «Mets-moi comme un sceau sur ton coeur» (3,6). Aspiration qui deviendra dans le Nouveau Testament «effigie de la divine substance» imprimé dans le coeur de ceux qui suivent le Fils: «Vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la promesse » (Ep 4,30; cf 2Co 1,2).

- «... et transforme-toi tout entière, par la contemplation...»:

        Le processus de la prière d'union atteint son but. Ce que la mère spirituelle faisait voir d'une façon symbolique au verset 7: «le trésor incomparable caché dans les coeurs humains», la semence évangélique du Royaume de Dieu «par lequel on achète Celui par qui tout a été fait de rien», se réalise ici dans l'invitation à la transformation. Le verbe "acheter" (emitur) est un terme global. Le Royaume de Dieu est déjà présent dans le coeur pauvre: «Bienheureux les pauvres de coeurs, car le Royaume des cieux est à eux» (Mt 5,3). Par la bienveillance de Dieu, nous sommes appelés à l'union- transformation, laquelle est en fait le Royaume de Dieu.

        La sainte d'Assise souligne ici l'aspect dynamique de l'activité de la conscience humaine en ses composantes: esprit, âme, coeur. De plus en plus, la personne devient, par ce qu'elle contemple, une conscience spirituelle à la recherche de Dieu. Comme l'écrivait si justement Grégoire de Nysse:«La nature humaine est ainsi faite qu'il est en son pouvoir de se configurer à ce vers quoi elle se porte.» (25)Commentant cette réflexion du bienheureux Grégoire, un théologien actuel explique:«Ceci est capital pour comprendre ce qu'est la transformation spirituelle: la contemplation possède une fonction transformante et, plus généralement, les choix de la volonté opèrent des attachements qui, peu à peu, affectent les structures de la conscience.» (26)
        Le même auteur nous explique l'actualité de cette transformation de la personne: «L'idée de la transformation n'est pas tellement reçue de nos jours où l'on conçoit la liberté comme un pouvoir de jaillissement autonome. Et pourtant, les doctrines psychologiques qui, comme la psychanalyse, insistent sur l'historicité de la conscience, la retrouvent en nous parlant de "formation de complexes" qui conditionnent les décisions. Les spirituels, eux, en concentrant leur attention sur le dynamisme de l'âme orientée ou vers les valeurs de l'esprit, ou vers celles du corps, ont bien senti le drame de l'homme voulant devenir spirituel.»

- «...dans l'Image de sa divinité»:

        "L'IMAGE" est, ici, l'hypostase de Dieu dans le Verbe incarné. Ce Verbe nous fait participer à sa propre divinité dans la grâce de cette contemplation qui transforme notre être. Créature nouvelle. Dans l'IMAGE, se réalise le grand mystère de la vocation de l'humanité: comme le Fils de Dieu s'est fait homme, unissant deux natures totalement distinctes l'une de l'autre, ainsi, par Lui, nous participons nous aussi à la réalité incommensurable de sa nature divine. Conséquence logique du DON DE DIEU, de l'union, du "mariage" (2L 7).

        À cause de ce mystère de l'Incarnation du Verbe porté à son achèvement dans sa résurrection-ascension, tous les mystères humains de Jésus sont lieux de contemplation, lieux de transformation. Claire l'a pressenti et enseigné, surtout dans sa 4e lettre, par le symbole du MIROIR. Les mystères de la vie terrestre du Seigneur sont investis de sa divinité, devenant ainsi des médiations qui nous transforment. François et Claire vivent l'intuition de ce sommet de l'alliance de Dieu avec l'humanité jusque dans la logique de leur vie spirituelle. Quant à Claire, sa vie et son enseignement affirment très précisément l'unité profonde du dessein de Dieu dans son Fils.

        Une vérité s'impose, comme conséquence: en nous laissant transformer, par la contemplation, dans la divinité du Fils, nous accédons du même mouvement à la profondeur de notre véritable humanité. L'humanité divinisée de Jésus est le MIROIR parfait de notre devenir. Poser, fixer l'esprit, l'âme et le coeur sur LUI, homme-Dieu, unifie notre conscience humaine à tous ses niveaux, la rendant «capable de pénétrer les mystères de Dieu seul», lieu de notre humanité, ce pour quoi elle a été créée voulue par Dieu. La lettre aux Éphésiens nous présente l'inconcevable dimension de cette vocation chrétienne qui nous appelle à nous tenir devant Dieu, dans le Fils, «Jésus-Christ»: «Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ... ; il nous a choisis en LUI (le Christ) avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables, sous son regard, dans l'amour.»(Ep 1,4-5)

        Au sujet de cette contemplation de l'humanité glorieuse du Fils, voici la pertinente remarque de C-A Bernard : «Qu'on ne dise pas que la contemplation de la divinité est purement et simplement supérieure à la contemplation de l'humanité du Christ! D'une part, en effet, dans l'humanité du Christ habite la plénitude de la divinité, de l'autre, la substance de la vie contemplative se mesure à l'intensité de l'amour et de l'adhésion personnelle. On ne saurait donc admettre un propos délibéré d'exclure l'humanité du Christ de la contemplation même mystique.» (27)

        La simplicité de la vocation d'une Soeur pauvre est ce lieu offert avec amour où le mystère du Dieu-Homme se revit dans la foi, en sa condition d'humilité, de pauvreté. Mystère chrétien de notre existence terrestre où tout s'accomplit déjà! Nous devenons pour LUI, en LUI, créatures nouvelles. Claire d'Assise est devenue cette "femme nouvelle" tout entière transformée dès ici-bas. Elle est devenue amour, charité en «l'ineffable charité» du Fils de Dieu.

Fruit du second passage: verset 14: La douceur de Dieu

        La "douceur cachée" émane du "trésor caché" (v.7), comme fruit de la contemplation et de la transformation. Agnès est irrésistiblement invitée à expérimenter en elle la présence du Christ, Miroir de Dieu. Jésus, le Fils de Dieu, est lui-même la "douceur cachée de Dieu" pour celui/celle qui le suit. Au début, il fait expérimenter à son disciple la joie du Royaume découvert; puis, il devient douceur, cette "douceur" divine que Dieu avait réservée dès le commencement, comme le disait l'Apôtre: «L'oeil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu... tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment» (1Co 2,9). Manne du désert adaptée au goût de chacun, tel est Dieu qui se laisse expérimenter par ceux qui l'aiment.

Troisième passage: (versets 15-28) L'intériorité de l'Amour

verset 15-16:
        «Et laissant de côté tous ceux qui, dans le monde trompeur et instable,
        séduisent leurs amants aveugles,
        aime totalement celui qui pour ton amour s'est donné tout entier,
        lui dont le soleil et la lune admirent la beauté,
        dont les récompenses précieuses et grandes sont sans fin».

        Ce troisième passage s'accomplit par l'amour total en lequel Agnès est invitée à demeurer. Transformée par son attachement au Fils de Dieu, Image de la Divinité, c'est en Lui que la disciple devient amie de Dieu, dans l'unité de cet amour divin à nul autre comparable.
        L'exemple-miroir, le prototype de ce passage est celui de Marie, celle qui a dit "oui", accueillant pleinement en elle «Celui par qui tout a été fait de rien» (v.7). Elle est devenue "Demeure", comme au temps du désert biblique, au temps des fiançailles de Dieu avec son peuple (Ex 13,22; 19,16; 24,16; 40,35).
        Claire perçoit ce passage dans l'amour comme l'aboutissement incomparable du mystère de sa vocation à la pauvreté et à l'humilité. Elle atteste ainsi la vérité profonde de notre être en la "vocation divine" (2L 17).

Fruit de ce troisième passage: L'inhabitation de Dieu

Versets 17-26:

        Ce grand mystère de l'inhabitation divine en l'âme fidèle est présenté par la sainte en un diptyque évangélique: La Parole de la Vérité atteste l'exemple-archétype de Marie. Le Christ, conçu par l'opération de l'Esprit-Saint en Marie, est le commencement d'une nouvelle humanité, d'un nouveau mode d'existence. La transformation qui s'opère revêt la radicalité d'une naissance réelle, d'une nouvelle création. La Vierge-Mère se trouve au centre de l'événement du salut et donne ainsi à tout chrétien cette vocation de porter Dieu, de le rayonner, de le donner comme elle l'a fait, dans l'unité d'un même esprit avec Dieu. Ainsi Claire s'appuie sur le témoignage même de la Vérité, lorsque Jésus, à la dernière Cène affirme la suprême réalité de ce mystère de Dieu habitant la personne humaine et ne faisant qu'un avec elle, par l'amour réciproque.

Représentons ce tableau évocateur de la pensée de Claire:

versets 17-19: MARIE

«Je veux dire le Fils du Très-Haut, que la Vierge a enfanté et après l'enfantement duquel elle demeura vierge.
Attache-toi à sa très douce mère qui a enfanté un tel Fils que les cieux ne pouvaient contenir, et elle, cependant, l'a recueilli dans le petit enclos de son ventre saint et l'a porté dans son sein de jeune fille.»

 

 

versets 21-23: la VÉRITÉ

«En effet, il est d'autre part clair que, par la grâce de Dieu, la plus digne des créatures, l'âme de l'homme fidèle, est plus grande que le ciel,
puisque les cieux, avec les autres créatures, ne peuvent contenir le Créateur
et seule l'âme fidèle est sa demeure et son siège, et cela seulement par la charité dont manquent les impies.
La VÉRITÉ le dit:
Celui qui m'aime, mon Père l'aimera, et moi aussi je l'aimerai, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure.»

versets 24-26:

«De même donc que la glorieuse Vierge des vierges l'a porté matériellement, de même toi aussi, suivant ses traces, d'humilité surtout et de pauvreté, tu peux toujours le porter, sans aucun doute, spirituellement dans un corps chaste et virginal,
contenant Celui par qui toi et toutes choses sont contenues, possédant ce que, par comparaison avec les autres possessions transitoires de ce monde, tu posséderas plus fortement.»

b) Les sens spirituels chez Claire d'Assise:

        La transformation de notre nature en Dieu, telle que la 3e Lettre de Claire nous la fait pressentir, a des conséquences mystérieuses jusque dans la structure de notre personnalité. Les sens intérieurs s'adaptent... au monde de Dieu:
        «...afin de ressentir toi aussi ce que ressentent les amis [de Dieu]» (v.14).
...nous dit-elle, en nous y invitant.

        Ressentir! C'est donc que le mystère de Dieu est, d'une certaine manière, accessible. Son biographe primitif nous avait informé déjà que l'enseignement de Claire à ses soeurs novices avait pour but «de les rendre capables de pénétrer dans les mystères de Dieu seul» (Vie 22,36).
        De même que le corps possède des organes sensoriels capables d'appréhender le monde qui l'entoure, de même aussi l'esprit humain possède des organes qui sont ordonnés à la perception des réalités divines, spirituelles. Dieu, dans sa providence, nous a pourvu d'une capacité de le connaître et de l'aimer. Déjà la béatitude des coeurs purs nous laisse deviner cette réalité cachée: «Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu!» (Mt 5,8) (28)

        Cette saisie intérieure de Dieu par les sens spirituels est cependant conditionnée par la foi: «Tu embrasses ce trésor incomparable par la force de la foi...» (3L 7) écrira encore la sainte.

        Diadoque de Photicée (Ve siècle) nous décrit l'expérience de cette saisie de Dieu avec des termes très proches de cette pensée de Claire qui nous occupe: «Cette expérience provoque douceur et certitude. Le Saint Esprit fait goûter à l'âme, en un sentiment total de la plénitude, la douceur de Dieu» (Centurie 90). «Alors, il n'y a plus place pour l'erreur ou la tromperie de l'ennemi, car ce sens intérieur est un goût exact des choses que l'on discerne» (Centurie 30). (29)

        Le sens spirituel (ici, celui du "goût") est très lié au don de discernement, caractéristique de«l'âme parfaite» (He 5,14), qui a ce sens exercé. Ceci suppose que le sens du goût a dû progresser, s'affiner au fur et à mesure que la disciple suit le conseil de Claire: «Réjouis-toi toujours dans le Seigneur ... Que ne t'enveloppent ni l'amertume, ni le brouillard» (3L 10-11).

        L'âme désormais victorieuse du monde par le don divin de sa vocation doit s'exercer cependant à s'éloigner des tristesses ou des regrets qui peuvent encore l'encombrer (l'amertume); éloigner son coeur aussi des vanités qui l'obscurcissent (le brouillard). C'est là le progrès de sa foi dans la perception du monde de Dieu.

        Claire privilégie davantage, parmi les sens spirituels, ceux de l'odorat, de la vue, du toucher et du goût. Moins présent dans ses écrits, le sens intérieur de l'ouïe est très éveillé chez elle, d'après les témoignages du Procès. S'il est possible de déceler une certaine intensité d'expérience derrière l'un ou l'autre de ces sens spirituels, ils sont cependant très liés, chez Claire. L'intensité de l'un rejaillit sur l'autre.

L'odorat

        Ce sens intérieur est, selon Grégoire de Nysse, la première des perceptions spirituelles: elle précède la vue et le goût spirituels. Elle est comparée à un toucher, donc du domaine de l'expérience et d'un certain discernement encore lointain cependant, et qui a pour objet le Fils de Dieu en tant que Verbe incarné, en tant qu'il est présent dans l'âme par ses vertus. Les vertus du Christ rejaillissent en l'âme fidèle qui les "sent" et les fait "sentir" à d'autres, pour les entraîner dans le monde divin.
        Ainsi Claire «respire» les vertus en progrès, celles de la pauvreté et de l'humilité d'Agnès lorsqu'elle lui écrit: «Je respire d'autant plus en exultation dans le Seigneur, que j'ai appris et je constate que tu supplées merveilleusement à ce qui est défectueux tant en moi qu'en mes soeurs, dans l'imitation des traces de Jésus Christ pauvre et humble» (3L ).

        Cette première perception (l'odorat) vise la prise de conscience de la vie de la grâce en nous, de la vie surnaturelle qui est une émanation, une participation à la vie divine elle-même. En cela, le "sentir" éveille l'âme fidèle à une présence, celle de Dieu dans l'intimité la plus profonde du coeur. Ce réveil ressemble à une résurrection: « ... à son odeur les morts revivront», écrit Claire (4L 13).

        Percevoir le parfum des vertus du Christ Époux c'est déjà percevoir Dieu lui-même en ce qu'il est: c'est tout le sens des versets 15-23 de la 4e Lettre. Et plus l'amour s'en approche, plus le parfum devient persistant, attirant, entraînant même l'Église entière derrière l'Époux. Il faut percevoir cette riche signification dans cette seule prière de Claire que nous possédons: «Entraîne-moi derrière toi, nous courrons vers l'odeur de tes parfums, Époux céleste» (4L 30; Ct 1,3). (30) La course que Claire suggère à sa disciple et amie est suscitée par l'odeur des vertus du Christ pauvre et humble qu'elle lui avait déjà décrites. Cette course entraîne aussi toute l'Église dans le mystère de l'accomplissement des noces de L'Agneau: «Qu'elle suive l'Agneau partout où il ira» (4L 3). (31)

La vue

        "Voir" est un verbe très présent dans le vocabulaire spirituel de la sainte d'Assise. C'est son mode de contemplation du Christ, Verbe incarné: «Vois que pour toi il s'est fait méprisable, et suis-le ... » «Regarde, considère, contemple ... » (2L 19-20). Cette «contemplation refait», nous assure-t-elle (4L 11). C'est la raison de son insistance: «Regarde-Le chaque jour, ô épouse de Jésus Christ, et mire sans cesse en Lui ta face» (4L 15.19-25). Et en ce regard, Claire invite à "considérer" tout le miroir de sa vie évangélique.

        Son regard intérieur a été particulièrement illuminé lors de sa conversion, et lui a fait comprendre la profondeur de sa «vocation divine»: «Le Très Haut Père céleste a daigné, par sa miséricorde et sa grâce, éclairer mon coeur» (Test 24). En cette illumination essentielle, l'âme "voit" en vérité, selon la réplique de Claire elle-même à l'ennemi: «Il n'est pas aveugle celui qui voit Dieu» (Vie 12,19). En effet, "voir" Dieu, c'est entrer déjà dans son monde, monde du vrai bonheur qui transforme: «Sa vision glorieuse rendra bienheureux tous les citoyens de la Jérusalem d'en-haut» (4L 13).

Le toucher

        Selon saint Bonaventure, le "toucher" nous fait embrasser le Verbe incarné qui habite en nous corporellement. (32)
        Il semble que Claire atteint cette compréhension du toucher intérieur lorsqu'elle écrit à Agnès:«Lorsque vous l'aurez touché (le Seigneur Jésus Christ), vous deviendrez plus pure» (1L 8).
        De même, chaque fois qu'elle utilise le mot si suggestif chez elle : "embrasser": «Vierge pauvre, embrasse le Christ pauvre!» (2L 18).
        Le "toucher" est sûrement la réalité sous-jacente au verbe si fort de "poser", trois fois repris:«Pose ton esprit sur le Miroir de l'éternité...,
        pose ton âme dans la Splendeur de la gloire...,
           pose ton coeur sur l'Effigie de la divine substance» (3L 12-13).

        Plus encore, le désir du «plus heureux baiser», ce "toucher" par excellence: «Je courrai, je ne défaillirai pas, jusqu'à ce que ta gauche soit sous ma tête et que ta droite heureusement m'embrasse, et que tu me baises du plus heureux baiser de ta bouche» (4L 31-32).

Le goût

        Chaque sens spirituel représente un niveau de conscience original ouvrant au monde de Dieu. Le "goût" spirituel est proche du "pâtir", moins actif que le fait de "poser". Ici, pour le goût, c'est Dieu qui, dans sa bonté, donne de ressentir : «... afin de ressentir toi aussi ce que ressentent les amis, en goûtant la douceur cachée que Dieu lui-même a, dès le commencement, réservée à ses amants»(3L 14).

        Pierre Adnès, après une étude approfondie du "goût spirituel" dans la tradition de l'Église, conclut: «De toutes les sensations, le goût est sans doute la plus subjective, celle que l'on a le moins tendance à objectiver, à concevoir séparée de la personne qui l'expérimente.» (33)
        Rien n'est plus ineffable, incommunicable, personnel que le goût spirituel. Il y a une évidente relation entre le goût et l'amour qui tend lui aussi... à la compénétration réciproque. Aussi le mot "goût" est-il souvent employé par les auteurs spirituels pour décrire et symboliser la jouissance et le profit qui résultent de l'union d'amour. Et le même auteur avertit: «Le goût spirituel, même à ses degrés inférieurs et initiaux est un phénomène dont on ne doit pas minimiser la portée. Il rend concrètes, intérieures, expérimentées, saisies dans leur aspect délectable et béatifiant des réalités qui n'étaient souvent connues jusqu'alors que d'une manière lointaine, extérieure, abstraite, impersonnelle. L'apparition du goût spirituel peut, dans la vie de certaines personnes, marquer un tournant décisif. C'est la découverte d'un ordre de choses insoupçonnées pour lesquelles elles ne se savaient pas faites.»

        Le conseil de Claire puise certainement dans son expérience personnelle lorsqu'elle communique à Agnès ce sentiment profond de paix que provoque en l'âme le goût de Dieu, de son amour:
-         «...transforme-toi tout entière par la contemplation dans l'image de sa divinité,
-         afin que tu ressentes ce que ressentent les amis...
-         en goûtant la douceur cachée que Dieu réserve à ceux qui l'aiment...
-         et laissant tout..., aime totalement Celui qui pour ton amour s'est donné tout entier» (3L 13-15).

L'objet du "goût spirituel": la douceur de Dieu:

        Ce que l'âme goûte, c'est la douceur de Dieu. Dans cette même 3e Lettre, Claire oppose "amertume" (v.11) à "douceur" (v.14). Ce propos de Claire s'appuie sur un lieu commun au Moyen Âge: le commentaire du chapitre 15 de l'Exode, thème ancien et des plus utilisés par la littérature patristique: amertume et douceur des eaux au désert. Moïse adoucit les eaux amères de Mara en y jetant un bois que Dieu lui-même lui avait montré. Et les Pères expliquent: Il s'agit de l'amertume de la loi que le Christ, arbre de vie, vient adoucir en nous donnant sa grâce, par la croix. Souvent aussi, les Pères opposeront l'amertume des choses terrestres à la douceur des réalités spirituelles et de Dieu lui-même. (34)
        Cette dernière exégèse rejoint mieux le propos de la sainte d'Assise, dans sa 3e Lettre, même si la première interprétation (le passage) est sous-jacente à sa pensée. Voyons ici, tout de même, ce premier aspect de "passage" des réalités terrestres aux célestes. Le mouvement global des versets 5-19 de cette 3e lettre ressemble à celui du grand "passage" de l'Exode où l'âme fidèle expérimente Dieu:
- Passer de l'aveuglement (v.15) du brouillard (v.11) à la vue véritable (v.6);
- passer de l'amertume (v.11) de ce monde à la "douceur", don de Dieu (v.14);
- passer de l'instabilité (v.15) à la solidité du "Miroir de l'éternité" où l'esprit, l'âme, le coeur se "posent" et se "transforment";
- passer du néant, du monde trompeur (v.15.20) à la transformation de l'être en Dieu (v.13) par la contemplation.

        Revenons à cette "douceur" qui, expérimentée par l'âme, lui fait pressentir Dieu lui-même. La spiritualité médiévale utilise avec une particulière ferveur ce thème de la "douceur de Dieu" parce qu'il exprimait bien son aspiration profonde, toute pénétrée de tendresse humaine. Saint Bonaventure affirmera que «la douceur du Verbe constitue l'essence même du goût spirituel». (35)

        Claire et François aussi ressentent d'une façon toute particulière le mystère de leur union à Dieu par l'expérience intérieure de la douceur. Ainsi François. Lorsqu'au début de sa vie spirituelle, il prie devant le crucifix de St-Damien, il requiert humblement de Dieu «l'illumination intérieure, le sens et la connaissance spirituelle.» (36) Dieu lui répond en lui faisant ressentir "la douceur" qui vient de Lui, et le fait avancer vers ce qu'il n'aimait pas auparavant: «Ce qui me semblait amer, fut changé pour moi en douceur de l'âme et du corps.» (37) Et à la fin de son itinéraire spirituel, François, stigmatisé, peut louer Dieu en grande vérité: «Tu es toute notre douceur!» (38)

        Claire enseigne pour sa part que la "douceur" est don de Dieu: «il la réserve à ceux qui l'aiment», et qui ont renoncé à tout pour lui (v.15). Ce don de la douceur, de la suavité divine est un profond sentiment d'unité et d'harmonie intérieures. La douceur de Dieu transforme l'âme fidèle: elle est onction de l'Esprit qui "opère" et divinise. C'est pourquoi il faut la désirer et la rechercher comme signe de la présence de l'Esprit Saint en l'âme: «Qu'elles désirent pardessus tout posséder l'Esprit du Seigneur et sa sainte opération» exhortera Claire au coeur de sa Règle (RCl 10,9). Car ici, c'est Dieu qui agit, c'est le Christ qui, par son Esprit, habite le coeur qui aime: « ... Lui dont la contemplation refait, dont la bienveillance comble, dont la suavité remplit, dont la mémoire brille suavement» (4L 11-12).

        Ce que la sainte affirme, elle le vivait intensément aux dires des témoins: «Elle était assidue à la prière et à la contemplation... Lorsqu'elle revenait de l'oraison, une douceur merveilleuse émanait d'elle lorsqu'elle parlait; on avait l'impression qu'elle vivait déjà au ciel» (Pr IV,4; VI,3). Claire rayonnait la douceur de Dieu et la transmettait à son prochain, l'attirant ainsi à Dieu.

L'ouïe

        Le sens spirituel de l'ouïe, de l'écoute intérieure, est peu présent dans les écrits de la sainte Mère. Mais le Procès et la Vie primitive témoignent de l'acuité de ce sens intérieur chez elle.

        «L'ouïe est plus directement liée à la perception intérieure de l'enseignement du Christ dans les Écritures. ...Percevoir la divinité du Christ à travers les Écritures c'est [entendre] celles-ci dans l'Esprit, avec l'ouïe spirituelle, et non d'une manière matérielle; il se produit ainsi une transfiguration de l'Écriture et de celui, celle qui écoute.» (39)

        Claire doit sa vocation à cette sensibilité de l'écoute, elle «qui reçut d'un coeur docile les rudiments de la foi que sa mère lui enseignait» (Vie 2,3).
Ainsi naît sa vocation:
        «Elle entendit alors parler de saint François...
        Elle eut bientôt le désir de le voir et de l'entendre...
        Sa parole de feu et ses oeuvres (de François) lui paraissaient déborder toute mesure humaine ... ;
       En un langage vigoureux, François lui montrait..., il lui insinuait..., il l'encourageait ... [Claire] s'en remit alors        totalement aux directions de François, elle reçut d'un coeur fervent tout ce qu'il lui enseignait sur le Christ         Jésus.
       Claire les écoutait volontiers (François et Philippe), et acquiesçait à tous leurs bons enseignements» (Vie 3,5-6).

        La Parole de Dieu est pour la sainte l'aliment par excellence de son écoute intérieure:«Madame Claire prenait plaisir à écouter la parole de Dieu» (Pr X,8). Cette Parole lui parvient par la prédication ou la liturgie. Ainsi raconte sa compagne Agnès, fille du podestat d'Assise: «Elle écoutait volontiers les sermons des prédicateurs lettrés» (Pr X,8).

        De même, son biographe, en écho des témoignages de ses compagnes: «C'était pour elle un bonheur que d'entendre prêcher, un ravissement que de se remémorer en ces occasions le souvenir de Jésus... Sans être savante, Claire avait cependant plaisir à entendre un sermon bien composé; elle savait que, sous l'écorce des mots, se cache une amande qu'elle appréciait avec finesse et savourait avec délice. Elle avait l'art de tirer du sermon de n'importe quel prédicateur ce qui pouvait profiter à son âme» (Vie 23,37).

        L'humble abbesse de St-Damien a surtout le souci de procurer à ses soeurs cette occasion d'écoute: «Elle avait à coeur de faire annoncer à ses filles la parole de Dieu par de saints prédicateurs.» (Vie 23,37) Lorsque le Pape Grégoire IX, pour réglementer les relations entre les frères mineurs et les monastères, interdit aux frères prédicateurs de fréquenter les clarisses sans sa permission, Claire réagit aussi fortement qu'elle l'avait fait pour sauvegarder le Privilège de la Pauvreté, antérieurement accordé: «Considérant que ses filles ne recevraient que très rarement la Parole de Dieu qui était le pain de leur âme, s'écriant en gémissant : Il nous prive de ceux qui nous procurent la nourriture de vie... » (Vie 23,37). Son intervention rétablit et assure à ses compagnes l'appui de cette prédication si adaptée à son genre de vie. Car ce fait pris sur le vif nous révèle comment le sacrement de la Parole est reçu par elle et ses soeurs par la médiation des prédicateurs. Ceux-ci, au Moyen-Age, dispensaient l'explication de la Parole de Dieu après les célébrations liturgiques, et en lien avec le mystère célébré.

        La délicatesse du sens spirituel de l'ouïe a, chez elle, un effet transformant, transfigurant; la perception de la présence du Christ: «Un jour, pendant que prêchait frère Philippe, [Agnès] vit aux côtés de madame Claire un très bel enfant... Il lui fut dit en son coeur: "Je suis au milieu d'eux!" C'était le signe que l'enfant était Jésus Christ lequel demeure au milieu des prédicateurs et de leurs auditeurs, pourvu que ceux-ci se tiennent et écoutent comme ils le doivent» (Pr X,8).

        L'écoute, au moment des célébrations liturgiques, transfigure intérieurement et visiblement. Ainsi, rapporte Angeluccia: «La sainte Mère, ayant entendu chanter, au temps pascal "Vidi aquam..., en eut si grande joie et fut si impressionnée» (Pr XIV,8).

        Jusqu'à la fin de sa vie, Claire gardera cette fraîcheur de l'écoute spirituelle et la favorisera autour d'elle: «Claire désira la présence de prêtres et de saints frères pour lui lire la Passion du Seigneur et d'autres passages de l'Écriture. Apercevant parmi eux Genièvre..., elle en fut soudain toute réjouie et lui demanda s'il n'avait rien de neuf à lui apprendre sur le Seigneur. Le frère puisa dans la fournaise de son coeur un discours enflammé. D'entendre ses paraboles fut pour la sainte une grande consolation» (Vie 28,45).

        L'éveil et la transformation des sens spirituels prennent donc une très grande importance dans le cheminement spirituel de Claire d'Assise. Cet aspect de sa vie spirituelle est en parfaite connivence avec son propos de «vocation divine» (2L 17) dont le but constant et ultime est l'UNION À DIEU.

        «Dire que les croyants sont appelés à participer à la nature divine, c'est dire que leur vie surnaturelle est incomparablement supérieure à la vie naturelle, et que celle-ci est transformée et non pas seulement renouvelée.» (40)

c)             TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES
                                                          (Transformation)

1) De passage en passage...

    Tableau comparatif des passages de l'Exode et de la 3e Lettre:

           Faire un tableau suggestif qui montre bien la source biblique de la pensée de Claire, dans les passages suivants: (les             choisir selon sa propre sensibilité).
            Établir 3 colonnes, si possible: 3e lettre - AT - NT

Premier passage (Versets 5-8) La suite du Christ, participation de sa victoire sur l'esprit du monde:

        versets 5-6: Gn 3,1; Ex 4,13.30; 15,1.16; Sg 10,15-16
                                        // Jn 16,33;14,30;12,31; lJn 5,4-5
        verset 7 : Ex 14,16; 17,5; 19,4; 34,29; Pr 4,7-8
                                        // Mt 13,44; 19,21
        verset 8: Gn 2,18; Ex 17,8-12; 32,11-14.30-32; 18,18; Nb 11,2
                                        //1Co 3,9; 2Co 5,18; 6,1; Rm 15,1

Deuxième passage: (Versets 9-14) La Transformation dans l'IMAGE.

        versets 9-11: Ex 15,23-25; Jo 24,7; Sg 18,3
                                        // Jn 15,1 0-1 1; 3,29; 14,27
        versets 12-13: Ex 24; 33; 34; Nb 6,25-26; Ps 34,6
                                        // 2Co 3,1 8; 1 Co 2,9; 4,6; Jn 8,12
        verset 14: Gn 2,17; 3,22; Dt 4,37; 7,9
                                        // I Co 2,9; Ep 1,4; Jn 14,23; 16,27

Troisième passage: (versets 15-26) Contenir Dieu

        versets 15-19: Ex 24,12; 32,1; 34,6.8; 40,38.34; Dt 4,37.39; 6,5
                                        // Jn 15,9-10; 13,1; 17,36; Ga 2,20; Lc 1,35
        verset 20: Nb 10,35; Dt 11,16
                                        // 1P 5,8; 1Jn 4,4; 5,1 8; Jn 17, 5
        versets 21-26: Ex 40,34-36; 29,45-46; 2Chr 2,5; 6,1-2.20
                                        // Jn 14,21.23; 17,21.26

        - Exprimer en quelques phrases la vision globale de cet extrait de la 3e Lettre: (versets 5-26) de la Genèse à l'Exode, de         l'incarnation du Fils au mystère de la Passion-résurrection-ascension, jusqu'au mystère ecclésial de l'inhabitation divine.         Établir vos propres constatations au sujet de la vision historique de Claire devant le mystère du salut chrétien.

        - Écrire une courte conclusion qui précise le mouvement de transformation à laquelle est appelée la personne humaine: sa         «vocation divine» (2L 17).

2)     L'expérience transformante du désert:

        Les sens spirituels:

        a) Se souvenir d'un exemple, dans sa vie personnelle, de l'éveil d'un sens spirituel.
        Écrire en quelques mots significatifs les effets concrets et intérieurs de transformation dans l'Image (le Christ), que cet          éveil a suscités.
        b) Quel sens intérieur a le plus de signification pour vous? Pourquoi? Expliquer en quelques phrases.

3)     le "vêtement nouveau":

        Lire attentivement le passage de saint Paul au sujet de l'être nouveau du chrétien:
        Galates 3,28-29, et sa note g dans TOB. «Vous avez revêtu le Christ!»

        Réfléchir conjointement les versets suivants:
        Privilège de la Pauvreté, v.6
        1ère Lettre de Claire, versets 6-7.10-11.27-29
        4e Lettre: versets 15-18

        Après ce parallèle, écrire votre constatation personnelle concernant la vision de Claire: l'être nouveau transformé dans le         Christ Jésus, notre «vocation divine» (2L 17).

4)     La transformation qu'opère l'Amour divin:

        - À partir de cette exhortation de sainte Claire, dans sa bénédiction:
        «Soyez toujours les amies de vos âmes.»
        Cherchez, dans la mémoire des enseignements de Claire, comment s'aimer soi-même, en vérité.

        - À partir de cette exhortation de Claire dans sa bénédiction:
        «Soyez toujours les amies de toutes vos soeurs...»,
        Chercher, dans la mémoire des enseignements de Claire comment aimer toutes ses soeurs en vérité.

        - À partir du souhait de Claire, dans sa bénédiction:
        «Que le Seigneur soit toujours avec vous, et puissiez-vous être toujours avec lui.»
        Chercher, dans la mémoire des enseignements de Claire, quelque moyen ou façon de réaliser son souhait dans le concret         de notre quotidien.

       - À partir du souhait de Claire d'Assise, dans sa bénédiction, qui nous situe dans l'Église, «parmi les serviteurs et servantes         de Dieu dans l'Église militante...»
        Chercher comment nous pouvons aimer et porter l'Église d'aujourd'hui.
        (Voir prophétie de François dans le testament de Claire.)


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20. Irénée de Lyon, SC #100: Livre IV,26
21. Revivre la joie messianique annoncée à Marie et vécue par elle: Lc 1,28.46-47. Voir aussi le retour de mission des disciples: Lc 10,20-21. Encore, la joie continuelle du chrétien, être nouveau: Ph 4,4. Dès l'Ancienne alliance: So 3,14; Is 12,6; 54,1; Za 2,14
22. Relire Ex 33-34; Ps 34,6; 2Co 4,6
23. Saint Augustin: Confessions, Livre VII. Lire en ce sens 4L 9-26; He 1,3; Sg 7,26; 2Co 11,2
24. Le Père Charles-André Bernard, sj, propose cette modification de la traduction de SC, en lien avec le passage suivant :l'effigie de la divine substance imprimée dans le coeur.
25. Commentaires sur le Ct des ct, de Grégoire de Nysse, cité dans "Théologie symbolique", Charles-A. Bernard. Éd. Téqui, 1978.
26. Charles-A. Bernard, "Théologie symbolique", Éd. Téqui, 1978, p.168
27. "Traité de théologie de la vie spirituelle", Charles-A. Bernard, Coll. "Théologies", Éd. du Cerf, 1986, p.164
28. Voir aussi la prière de saint François devant le crucifix de Saint-Damien, et le Pater paraphrasé, strophe 5: "Écrits", Coll. SC #285
29. Coll. Sources chrétiennes #5bis, Éd. du Cerf, p.150 et 103
30. Le Père Ch-A. Bernard notait ici : Le parfum est celui de la Divinité; les parfums sont très souvent nommés dans le Ct.
31. Voir le"parfum" attirant de la renommée de Claire: Vie 5, 10 et 6,10b.
32. Breviloquium 5,6
33. Dictionnaire de Spiritualité (DSp): "Goût spirituel", col. 642-43
34. Voir commentaire de saint Augustin sur le psaume 85. Aussi DSp: "Exode".
35. Cf. Breviloquium 6,5; Itinerarium 4,3
36. Prière devant le crucifix de Saint-Damien : SC #285, p.335
37. Testament 3: SC #285, p.205
38. Louange de Dieu, Billet à Frère Léon : SC #285, p.341
39. DSp "Sens spirituels", col. 603. Mariette Canèvet.
40. DSp : article "Divinisation", col. 1391, par Gustave Bardy.

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